LA BASE AERIENNE 726

HISTORIQUE


On ne peut parler de Nîmes sans évoquer bien sûr les arènes, ouvrage unique dans le monde.
Néanmoins dans le nôtre nous évoquerons plus volontiers la BA726 - «Pierre Colin».

Je vais essayer de tracer, en quelques phrases, l’historique de ce lieu qui a connu deux de nos plus jeunes années.

Début 1900, l’aviation naissante au travers de ses pionniers avait besoin de terrain.
Cet ancien marécage, asséché au fil des siècles allait servir de terrain d’aviation tout au long du 20 ème siècle.

L’histoire retiendra que c’est en octobre 1909, que le pilote Chassagne réalisa sur le terrain de Courbessac,
le premier vol nîmois sur un monoplan Hanriot. Après la 1ère guerre mondiale,
Nîmes située au carrefour des colonies africaines et de la métropole, montre des perspectives commerciales.

L’intérêt de développer la technologie aéronautique poussent de nombreuses compagnies d’aviation à ouvrir, avec l’aide de l’Etat, des écoles de «boursiers de pilotage».
Courbessac est un terrain militaire appelé «la poudrière».

Il appartient à l’Artillerie qui se partage, depuis 1909, avec le Génie la responsabilité de l’aviation militaire.

L’Etat cède, le 19 septembre 1919, le terrain de Courbessac à la navigation aérienne.
Dès lors vont se développer deux écoles de pilotes et de mécaniciens d’aviation sous le patronage de la Compagnie Française d’Aviation (C.F.A.)

.1920 - 1924 : première école de pilotage. Dès 1920 arrivent les premiers «boursiers». Si l’enseignement est gratuit, ils doivent souscrire un engagement de 5 ans au titre de L’aviation militaire. Un seul hangar et deux baraques en bois servent à la fois de bureaux, de réfectoire, d’ateliers et de salles de cours. Le stage de formation dure 6 mois avec au moins 40 heures de vol.

Les élèves sont formés sur Caudron G3, Dorand AR puis sur Spad.
Le premier brevet de pilote militaire revient au jeune caporal algérois Edmond LAPEYRE, le 1er mars 1921.

Durant les années 20, un jeune lieutenant commandait en second l’école de pilotage, il s’appelait Louis BASTIE et sa jeune épouse Maire-Louise qui se fera connaître quelques années plus tard sous le nom de Maryse BASTIE.

1922 - 1928 : Partout en France, l’aéronautique va grandissante. Le besoin de mécanicien suit cette évolution et l’école de Bordeaux ne suffit plus. Nîmes prend le relais .

En 1923, 170 élèves constituent la 1ère promotion. Ils sont placés sont double tutelle, civile pour la formation technique et militaire pour l’encadrement.
En 1924, une nouvelle structure se met en place. l’instruction technique va durer 6 mois avec en parallèle une instruction militaire plus poussée.

La nomination au grade de caporal viendra sanctionné l’obtention du brevet de mécanicien.
Pendant 6 ans, Nîmes formera des promotions de 150 à 250 mécaniciens.
Plus de 3000 brevets seront distribués.


1928 : création du Ministère de l’Air. L’organisation et l’indépendance de l’Armée de l’Air s’annoncent proches.
Elle prévoit une seul et unique école de mécaniciens, le choix se portera sur Rochefort, création en 1932.

1929 - 1939 : Deuxième école de pilotage.
Elle fut créée grâce aux relations du président de l’aéro-club (M. Gaston BOUZANQUET) avec le président Gaston DOUMERGUE. il obtient : «une concession ayant pour but de former des pilotes pour les besoins du département de la guerre». Ce sera l’école auxiliaire de pilotage N°19. Tous les élèves sont engagés pour 5 ans. L’école principale est celle d’Istres. 4 AS seront formés à Nîmes: «Normandie-Niemen» - slt Albert DURAND - 10 victoires (+ 31 août 1943) - cdt François DEGEOFFRE DE CHABRIGNAC - 7 victoires - ltt Robert MARCHI - 13 victoires (+ 17 juillet 1946) «pour le 3/6» - adj Martin LOI - 5 victoires (+ 27 juillet 1943) 1939 : retour des mécanos l’imminence de la guerre contraint l’A.A. à augmenter ses capacités de formation. Lorsque les premières promotions de radiotélégraphistes arrivent à Courbessac, l’activité aéronautique est intense.Le reste des Potez 631 est détruit sur place à Illiers et à La Rochelle. les 20 et 22 juin, Nîmes reçoit, en repli, les escadrilles de bombardement et de chasse. Les groupes de chasse I/2 et II/2, constitués de Morane 406 arrivent à Courbessac. 23 juin : les derniers combats pour les escadrilles de la 13. L’invasion allemande progresse avec rapidité en direction de l’Isère vers Moirans et Grenoble. Il s’avère nécessaire de les disloquer ou tout au moins de les retarder. Seules les formations de l’Armée de l’Air repliées dans la zone des Alpes sont capables de cet ultime effort. Dix Potez 631 sont prévus pour cette mission, malgré un temps exécrable. Ils attaqueront au canon et à la mitrailleuse les colonnes de blindés sous un tir nourri de Flak. Touchés mais sans avaries sérieuses ils retourneront se poser à Nîmes. Le 24 juin : les groupes de chasse I/2 et II/2 vont attaquer les colonnes allemandes sur les routes de St Etienne de St Gloires, Moirans, Voreppe.
Ils rentreront tous malgré de nombreux impacts.
Sur le retour un Henschel 126 sera la trente-quatrième et dernière victoire du groupe.

24 au 25 juin 1940 : signature de L’armistice.
Les Potez 631 sont désarmés et enfermés dans les hangars.

2 août 1940 : le I/2 et le II/2 sont dissous.

14 et 15 août : le 2/13 et le 4/13 sont dissous

C’est le 3/13 qui conservera les traditions et le fanion du C46.

11 juin 1941 : le 3/13 rejoint Gabès en Tunisie.

11 novembre 1942 : les allemands franchissent la ligne de démarcation et longent le terrain de Courbessac.

30 Novembre 1942 : le 1/13 est dissous à Courbessac.
Les Potez seront repeints aux couleurs allemandes.

Du 12 novembre 1942 au 21 août 1944, le terrain de Courbessac est utilisé pour de multiples missions.
Il sera aménagé 34 abris pour recevoir des escadrilles de Bf109 et de Folke Wolf 190 - et 6 abris pour des Bf110.

En juin 1943 le Général STUDENT réunira ses parachutistes (30 000 hommes).
Le siège du XI ème Corps aérien parachutiste est installé à Nîmes.
Le mas de la Cheylonne est réquisitionné. Début 1944, les unités de chasse et d’instruction sont retirées pour renforcer la défense du Reich.

27 mai 1944 : un premier bombardement effectué à très haute altitude vise les gares de triage, les ateliers de réparation, et le terrain d’aviation.

L’opération est un échec, les bombes lâchées trop tardivement s’écrasent sur la ville de Nîmes tuant 271 personnes.

12 juillet : nouveau bombardement, à basse altitude.
La gare de triage et les dépôts ferroviaires sont atteints, sans faire de victime.

15 août 1944 : débarquement en Provence.

22 et 23 août : les allemands se replient en faisant sauter les dernières installations militaires.
A partir de cette date, Courbessac devient le centre de récupération du matériel laissé sur place par les allemands, en parallèle, la base devient un centre de regroupement et de formation des officiers des Forces Françaises de l’Intérieur de l’air (F.F.I.).

En été 1945, un Yak 3 du «Normandie-Niemen» se pose sur le terrain, il s’agit du Yak 3 N° 11 du lt. DECHANET, un as du «Neu-Neu» avec 7 victoires. L’Armée de l’Air tentera de remettre ce type d’avion en condition, mais faute de pièces de rechange, les passera au pilon à Tours.

Le N° 11 sera le dernier à y être convoyé 1946 -

1954 L’Armée de l’Air se réorganise complètement.
Le conflit Indochinois vient de naître. Où se trouve les priorités ?
Dans ce contexte, Courbessac devient un centre d’école important. Dès février 1945, le Centre des Ecoles de Transmissions 240 est créé dans la quatrième région aérienne - C.I.T. 240.

En 1947, l’effectif atteint 1000 élèves sur une zone de vie restreinte.
2 types de formation: - formation technique des télémécaniciens - incorporation et instruction militaire des engagés du service général.

Le 12 novembre 1948, un Nord 1101 de l’escadrille de liaison 44 «Mistral» s’écrase dans l’allée centrale du cantonnement.
Cet accident met en évidence l’urgence de développer les infrastructures.

1950, la base aérienne 240 est créée.
De nouveaux bâtiments sont créés remplaçant les locaux devenus insalubres. 1952, réorganisée,
la base devient base école des élèves télémécaniciens et des apprentis de l’Armée de l’Air.

C’est la B.E. 240. C’est cette année,
le 11 septembre 1952 qu’arrivent les premiers arpètes de la promotion P11.

                                                       

L’insigne de la B.E. 240, créé en fin 1953, sera homologué par le S.H.A.A. le 29 janvier 1954 sous le N° A591, ce sera le même que l’insigne futur B.A. 726.
Sa production sera retardée pour des problèmes techniques, et heureusement ! car les numérotations des bases changent durant l’été 1954 et la B.E. 240 devient B.E.726. L’insigne B.E. 240 ne sera jamais fabriqué.

Seuls les 4 ou 5 prototypes doivent rendre heureux les collectionneurs !

Le conflit Indochinois conduit l’Armée de l’Air à adapter ses structures opérationnelles à l’organisation de l’Armée de Terre.
Cette politique aboutit à développer les réseaux de transmissions.
La base passera de 1250 aviateurs en 1952 à 2000 en 1954. Le travaux d’infrastructure explosent.

1954 - 1964 L’importance grandissante de la base conduit le commandement à demander la création d’un insigne et l’attribution d’un drapeau. L’insigne créé, il faudra attendre le 20 mai 1958 pour que la B.E. 726 se voit remettre son premier drapeau, celui de la 52 ème escadre de Reconnaissance, des mains du Général VIGUIER, Chef d’Etat-major de l’A.A. 1964 : la base école 726 devient le 1 juillet 1964,

la base aérienne 726. Les travaux se poursuivent et l’ancien bâtiment C.F.A. devient le mess des sous-officiers.
La vocation première a toujours été l’instruction des sous-officiers de l’A.A.

D’abord les pilotes et mécaniciens navigants, puis les radiotélégraphistes et les télémécaniciens.3 escadrons différents: - celui des élèves sous-officiers de l’A.A. - E.S.O.(nénesse) - celui des élèves techniciens de l’A.A. à l’identique de l’EETAA de Saintes. (Arpètes) - E.E.T. 03/318 - celui des fusiliers commandos de l’air.

Le 27 avril 1965 voit arriver les premiers arpètes de la promo P65A équivalente à P49 de Saintes.
Huit promos se succéderont entre 1965 et 1970.
Les arpètes reviennent 10 ans après le départ de leurs aînés en 1955 avec la promo P16. 1970 - l’E.E.T. 03/318 est dissous.
Il n’y aura plus jamais d’arpètes à Nîmes Courbessac.

Une nouvelle unité voit le jour, après le départ des arpètes : il s’agit de l’Ecole de formation initiale des sous-officiers (E.F.I.S.O.).

Elle est issue de l’ancien Escadron élèves sous-officier (E.E.S.O.). Elle en reprend l’insigne.


L’Escadron des fusiliers commandos de l’air (E.F.C.A.) se distingue des autres unités par son béret mais également par ses deux insignes : l’un sur le bérêt et l’autre sur la poitrine. Enfantée en Algérie par le Groupement des commandos parachutiste de l’air (G.C.P.A.), cette unité à hérité d’un passé de gloire et de traditions.

La base de Nîmes est la «maison mère» des commandos de l’air.

Au fil des réorganisations l’E.F.C.A. changera plusieurs fois d’appellation. Le 1 juillet 1976,
le Groupement des fusiliers commandos de l’air (G.F.C.A. 03.318) remplace l’E.F.C.I. et en 1979 prend la structure d’un grand commandement.
Son Etat-major s’installe à Nîmes.

En 1979, l’Escadron d’évaluation et d’intervention du G.F.C.A. reprend les traditions du 602ème groupe d’infanterie de l’air (G.I.A.) et est rebaptisé Escadron de protection et d’intervention (E.P.I.) De 1992 à 1996, Nîmes devient le centre de regroupement et de cohésion des futurs détachements, et les aviateurs de toutes bases et de tous grades vont suivre les stage prganisé par l’E.F.C.A.

Les commandos vont s’illustrer dans les opérations extérieures comme: - le Liban 1984 à 1986 - le Tchad - opération Tacaud (1978), Manta (1983), Epervier (1986) - Arabie-Saoudite - 1990 - Sarajevo

- 1992 - Rwanda - opération Turquoise (1994) En 1973, la base prend le nom de Pierre COLIN (voir dans le menu) 1954 - 1996 17 colonels auront commandé la base. 15 d’entre-eux ont participé à la reconstruction jusqu’à son achèvement en 1989 par le mess-mixte.

Le Col VINCIGUERRA (1991 - 1993) aura la douloureuse tâche d’annoncer la fermeture de la base suite à une décision ministérielle du 27 mai 1993. Le Col CHEMINAL mettra en oeuvre, durant 3 ans, les moyens de dissolution, de transfert de matériel et de mutation du personnel.

La BA726 - Pierre COLIN est dissoute le 1 septembre 1996.

Gérard SOUMILLON – P65A/49

Sources: S.H.A.A. une base nommée Pierre Colin - document collectif -
Col Cheminal étant directeur de publication et Cpt Lesoin, rédacteur en chef.




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